dimanche 8 mars 2015

La maurelle : tournesol médiéval

La maurelle, morelle, Maurèla, Maourèta, Mourelo, Faiou fer, ou croton des teinturiers - Crozophora tinctoria - est une euphorbaciée utilisée dés le Moyen-Age, pour la teinture des tissus, mais aussi les enluminures ainsi que les aliments, c'est d'ailleurs son principal usage aujourd'hui.




 
Plante couverte de petits poils étoilés avec de petites feuilles alternées, d'un vert grisâtre, haute de 30 à 40 cms. Elle est souvent considérée comme une mauvaise herbe et pousse dans les milieux méditerranées, dans le Gard principalement, à Gallargue le Montueux qui l'exporte en Hollande pour colorer les fromages. Elle est plutôt rare ailleurs. 
 

Selon l'acidité du milieu le colorant vire au bleu, lorsque le PH est élevé, et reste rouge en milieu acide.
 Elisabeth Féghali propose un test sur le site citadelle.org, où un article très complet est consacré à cette plante à l'aide de papiers tournesol trempés dans le bicarbonate de soude, en haut, ou le vinaigre en bas :


 
La technique de teinture était très particulière, elle est détaillée dans  "De Arte Illuminandi", un traité du XIVe siècle  : " les graines trilobées doivent être soigneusement séparées de leurs tiges, serrées dans une pièce de lin ou de mousseline propres pour en extraire le jus, la pièce ayant été mise dans de la lessive additionnée d'oxyde de calcium, puis rincée et séchée, et enfin trempée dans le jus de tournesol pendant un jour et une nuit. Dans un lieu sombre humide (tel un sous-sol) on met une riche terre de jardin puis "un homme sain qui a bu du vin urine copieusement sur la terre". Les tissus imbibés de jus de tournesol sont alors placés sur un support, pour y sécher dans des vapeurs d'urine plusieurs jours. l'objet de ce procédé est d'exposer le support à teindre à un environnement alcalin, afin de faire monter le niveau de Ph. L'addition d'une solution alcaline au jus fixe la couleur dans des tons bleu violacés, sinon, à l'air sec, les tissus "gâteront" et deviendront rouges."

Ce même traité apprend que cette plante fournissait plusieurs couleurs aux enlumineurs obtenues en variant l'acidité.
Au Moyen Age la maurelle était aussi un aromate et un colorant alimentaire; la cuisine médiévale était haute en saveurs et en couleurs, la couleur identifiant le plat. L'article de Elisabeth Féghali détaille saveurs et couleurs selon les plantes et condiments utilisés.

Dans google books : détails de l'utilisation du tournesol de teinture dans l'encyclopédie de Diderot : ICI
 

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